Article paru dans l'Echo Régional

ÉLECTIONS MUNICIPALES

Michel Ronzeau contre Jean-Pierre Muller

Avocat, ancien bâtonnier mais surtout enfant de Magny-en-Vexin, Michel Ronzeau livre en exclusivité a l'Echo l'annonce qu'il conduira une liste aux prochaines municipales pour battre Jean-Pierre Muller.

 

Sale temps pour Jean-Pierre Muller, maire et conseiller général de Magny-en-Vexin. Lundi, un véritable déluge s'est abattu sur la ville à la fin des cérémonies qu'il présidait pour la commémoration du 19 mars 1962 à la stèle nouvellement installée à la mairie et au monument aux morts. Mais le déluge n'était pas que physique. Le matin même, Le Parisien révélait que le tribunal administratif avait annulé le 25 janvier dernier deux délibérations du conseil municipal en mettant le maire personnellement en cause, entraînant une plainte pour faux en écritures publiques et prise illégale d'intérêt à l'initiative de membres, de l'opposition

 

 

Nouvel opposant

 

Mais le pire pour le maire restait à venir: le même soir, l'opposition municipale se retrouvait aux cérémonies autour de Michel Ronzeau, avocat à Pontoise, ancien bâtonnier, qui ne cache plus son ambition, de conquérir la mairie aux municipales de 2008. Nous l'avons interrogé sur sa candidature.

 

L'ECHO RÉGIONAL: Me Michel Ronzeau, pourquoi annoncer ce mercredi votre candidature comme tête de liste aux prochaines municipales à Magny-en-Vexin contre Jean-Pierre Muller et la municipalité socialiste?

 

Michel RONZEAU: - L'idée de conduire une liste aux élections municipales à Magny-en-Vexin n'est pas nouvelle: je m'en étais ouvert auprès d'amis magnytois il y a plusieurs années. Mais les circonstances n'avaient pas pu me permettre de traduire cette idée dans les actes. Il m'a fallu développer et structurer mon cabinet d'avocats et d'autre part j'ai eu des responsabilités professionnelles sur le plan départemental ou national, notamment à la Commission de Formation du Conseil National des Barreaux.

 

 

Mais vous avez suivi l'actualité de Magny ces derrières années ?

 

Évidemment. Il faut vous dire que je suis un enfant de Magny où je suis né voici 56 ans, et où j'ai passé mes premières vingt-cinq années. J'ai Présidé notamment le Tennis Club de Magny puis la section tennis de l'Union Sportive des Clubs Magnytois (USCM) C'est dans notre club qu'Eric Winogradski, le futur champion de tennis a tapé sur ses premières balles.

 

 

Votre candidature est-elle liée aux révélations récentes du Parisien sur ce qu'il est convenu d'appeler, la « tourmente judiciaire » du maire de Magny ?

 

Il s'agit d'une pure coïncidence, car j'avais prévu depuis longtemps de me montrer à Magny à compter des cérémonies commémoratives du 19 mars 1962.

 

 

Mais vous avez certainement un avis sur ces procédures?

 

Je me garderai bien d'en parler car je suis très attaché au principe de la présomption d'innocence. Il semble en effet qu'une plainte avec constitution de partie civile soit lancée contre le maire pour faux en écriture publique et prise illégale d'intérêt. Il appartiendra au Juge d'instruction de se prononcer.

Ce qui me semble par contre navrant c'est que le maire réplique en parlant de « politique de caniveau ». Le tribunal administratif s'est prononcé dans deux jugements en considérant que deux délibérations n'avaient pas été ad adoptées par le Conseil Municipal et qu'elles étaient nulles.

J'ai trop de respect pour des décisions judiciaires, pour les voir associer à une prétendue « politique de caniveau ». C'est une appréciation plus que regrettable.

 

 

Vous avez regretté l'évolution politique magnytoise de ces dernières années ?

 

Regretté n'est pas, le mot. N'étant pas alors engagé localement, je n'ai pu que constater que la majorité municipale, précédente n'a pas su traduire les désirs de changement des Magnytoises et Magnytois auxquels, elle a offert le spectacle d'une telle division qu'elle en a perdu les éléctions au profit de la liste conduite par M. Muller.

L'opposition magnytoise a ensuite assisté, impuissante, à la mise en oeuvre d'une politique locale qui pour avoir les apparences du renouveau, n'en a pas moins conduit la ville dans un isolement total et a fait la démonstration qu'on ne peut pas gérer une commune comme Magny au jour le jour, sans réflexion sur le développement de la ville et de ses environs.

 

 

De quelle façon?

 

La vie locale magnytoise a atteint une situation de blocage liée à l'absence de projet, de concertation, à 1a manière très personnelle du maire de diriger qui exclut toute idée contradictoire, et au choix de ce dernier de créer un climat aux antipodes de la vie démocratique locale.

C'est pourquoi il m'est apparu nécessaire de passer de la réflexion aux actes et de me lancer dans cette bataille municipale.

 

 

L'opposition municipale ne semble pas davantage appréciée à Magny où on lui reproche son sectarisme, des distributions clandestines de tracts anonymes et ses divisions. Allez-vous proposer un renouveau avec « Magny Demain » ?

 

Vous êtes sévère avec l'opposition, qui n'a pas manqué de courage ces dernières années notamment pendant les Conseils municipaux, comme j'ai pu le constater dans vos colonnes.

Ma démarche est exclusive de toute idée, de revanche et de retour vers le passé. Elle s'inscrit résolument vers l'avenir avec quelques idées fortes:

- rétablir une vie démocratique locale qui rassemble, autour de Magny Demain et au delà, toutes les énergies et les volontés d'où quelles viennent.

- Redonner le goût du dialogue de la participation en vue de l'élaboration du projet pour 2008/2014 et de sa mise en œuvre.

Toutes les Magnytoises et tous les Magnytois doivent se réapproprier leur ville, et son avenir. Je le dis encore une fois sans idée de revanche et sans lancer d'exclusive. Tous ceux qui voudront se placer à mes côtés seront les bienvenus, s'ils n'ont d'autre souci que le bien commun.

 

 

Avec environ 6000 habitants, Magny-en-Vexin reste une petite ville. A t'elle les moyens de rétablir ce qui a fait si longtemps son dynamisme et son particularisme?

 

Il est vrai que la ville a beaucoup changé. J'ai connu une cité qui, voici une trentaine d'années, faisait vivre une douzaine d'antiquaires, attirait de nombreux Parisiens, faisait vivre des petits commerces prospères, apparaissait comme la « ville phare » de la région. Aujourd'hui la ville s'est « banalisée », devient une cité-dortoir. Des aménagements comme celui de la RN 14 peuvent, rendre Magny encore plus tributaire de l'agglomération parisienne. Mais la domination des grandes agglomérations n'est pas une fatalité. L'Isle-Adam, pourtant situé à « seulement » 32 km de Paris, a démontré ces dernières années un étonnant dynamisme. Elle abrite une vie culturelle intense, des petits commerces prospères. Pourquoi Magny-en-Vexin ne pourrait-elle pas réussir comme L'Isle Adam?

 

 

Également sur un plan culturel?

 

Tout à fait. On constate à Magny-enVexin que la municipalité n'a pas de ligne culturelle directrice. Elle se contente de saupoudrage, elle n'a d'autre ambition que « d'occuper » les Magnytois. Rien. ne ressort. L'éparpillement des crédits et des initiatives n'aboutit à rien d'autre qu'à pérenniser une gestion de petite ville dortoir. Il faut résolument inverser la tendance.

 

 

Vous jugez sévèrement Jean-Pierre Muller ?

 

Je suis surtout navré de voir que la ville se retrouve abandonnée à une gestion opaque, sans investissements matériels et culturels. C'est le contraire qu'il faut mettre en œuvre et c'est cela qui m'intéresse.

Mon premier objectif est dès lors d'unir, de rassembler sans exclusive pour, mettre en place une nouvelle équipe au service des Magnytoises et Magnytois qui adhéreront à notre projet. .

Cette nouvelle équipe devra s'appuyer sur l'expérience de ceux qui travaillent à Magny depuis plusieurs années dans la vie associative, qu'ils aient ou non des responsabilités municipales.

Personne ne doit être exclu a priori.

J'ai demandé et obtenu le soutien de l'Association Magny Demain. Il faut que d'autres me rejoignent et nous rejoignent pour que soit élaborée, le moment venu, la liste de celles et ceux que je conduira aux prochaines municipales en mars 2008.

Non seulement je ne suis animé d'aucun esprit de revanche, mais je dois vous dire que seule m'importera la volonté de travailler dans le sens de l'intérêt commun avec toutes celles et ceux qui se reconnaîtront dans ce projet d'ouverture et de développement local (à l'exclusion des extrêmes et des intérêts personnels qui ne seront pas les bienvenus).

Mon souhait n'est pas de remplacer une équipe par une autre uniquement par goût de l'alternance...

Il est avant toute chose de substituer à une politique locale où la démocratie est absente et où l'autoritarisme se développe, une politique au service de tous, élaborée et suivie par tous ceux, qui voudront faire un bout de chemin avec nous.

Sur le fond, notre projet devra allier raison et imagination : le développement de Magny s'inscrit dans un processus d'évolution qui privilégie les grandes agglomérations aux communes moyennes et qui vident ces dernières de l'essentiel de leurs activités économiques.

Magny, au sein du Parc Naturel Régional, doit retrouver toute sa place. Cette question est d'autant plus importante aujourd'hui que le plan pour les années qui viennent est soumis à l'enquête publique.

Magny, au sein du canton, doit également être perçue comme un appui, un atout.

Enfin, le maire de Magny doit renouer des relations étroites avec tous ses collègues de l'Union des Maires: on a tout à perdre de l'isolement actuel et tout à gagner à enrichir notre réflexion au contact des autres.

Ce sont mes premières pistes de réflexion. Le projet de d'équipe qui se forme autour de moi va s'enrichir. Nous rencontrerons les Magnytoises et Magnytois dans leurs quartiers. Nous_y travaillerons ensemble. C'est à ce prix que nous pourrons le présenter dans un an au vote des électeurs, et gagner s'il est, ambitieux, mais aussi crédible et réalisable.

 

Propos recueillis par Jean-François DUPAQUIER